Roberto MATTA
Roberto Antonio Sebastián Matta Echaurren, connu sous le nom de Matta, est un peintre surréaliste chilien, né le 11 novembre 1911, à Santiago du Chili, et mort à Civitavecchia (Italie), le 23 novembre 2002. Matta commence des études d'architecture à Santiago du Chili. En 1933, il abandonne sa carrière pour s'installer en France. Il travaille un premier temps dans l'atelier de Le Corbusier puis voyage en Espagne, où il se lie avec les poètes Rafael Alberti et Federico Garcia Lorca. Il voyage également en Scandinavie, où il rencontre Alvar Aalto, et à Londres, où il fait la connaissance de Henry Moore, Roland Penrose et René Magritte. Grâce à Salvador Dali, Matta fait la rencontre d’André Breton et rapporte : « Ils me dirent : - Tu es surréaliste ! Je ne savais même pas ce que cela voulait dire... » Matta écrit des textes sur l'architecture qui s'opposent au rationalisme de Le Corbusier, dans la revue surréaliste Minotaure. À la même époque, il peint une série de tableaux pour laquelle il expérimente une technique nouvelle : avec un chiffon, il étale la couleur sur la toile, qui, ainsi étalée, décide du tracé ultérieur du pinceau. Il se rapproche du procédé d'écriture automatique. Il appelle cette série « Morphologies psychologiques ». Il gagne New York à l’invitation de Marcel Duchamp. Six mois après son arrivée, il expose pour la première fois aux États-Unis à la galerie Julien Levy, spécialisée dans le surréalisme. Il donne des conférences à la New School of Social Research et reçoit beaucoup de jeunes Américains dans son atelier, dont Jackson Pollock. Matta illustre les Lettres sur la bombe atomique de Denis de Rougemont, qui paraissent à New York, chez Brentano, en 1946. En septembre 1947, sa première exposition monographique parisienne est organisée. Le catalogue de l'exposition reprend un texte de Breton écrit en 1944 : « La perle est gâtée à mes yeux... » En octobre 1948, il est exclu du groupe surréaliste. Breton le soupçonne d'une liaison avec la femme du peintre Arshile Gorky, cause de son suicide. Matta retourne alors au Chili et publie un texte sur le « rôle de l'artiste révolutionnaire, qui doit redécouvrir de nouvelles relations affectives entre les hommes. » Il revient en Europe et s'installe en Italie. Son engagement politique prend une place de plus en plus importante dans son œuvre. En 1952, le procès de Julius et Ethel Rosenberg lui inspire Les Rosenbelles. En 1958, après la lecture du livre d'Henri Alleg La Question, relatant les tortures subies pendant la guerre d'Algérie, il peint La Question. En 1964, pour rendre hommage au dirigeant communiste Julian Grimau, exécuté en Espagne l'année précédente, il peint Les Puissances du désordre, une composition de neuf mètres de longueur. Burn, baby bu (1965-1967) est une stigmatisation de la guerre du Viêt Nam. Matta s’exprime sur de très grands formats ; ses toiles font souvent plusieurs mètres de long, voire dix mètres et parfois davantage. En 1968, il réalise des environnements en couvrant les murs et les plafonds du musée d'Art moderne de la Ville de Paris avec ses toiles. La même année, en janvier, Matta participe au premier congrès culturel de La Havane, à Cuba. En France, il prend une part active aux événements de mai. Après le coup d'État du général Pinochet au Chili du 11 septembre 1973, il coupe tout lien avec son pays natal : « C'est cet exil qui a déterminé toute ma vie, entre deux cultures. Mon travail est un travail de séparation. [...] De l'exil, je suis passé à l' « Ex-il », quelque part entre le connu et l'inconnu, entre la réalité et l'imaginaire. Là où commence la poésie. » Roberto Matta a été publié dans Les HSE 23/24 (2007), dans le cadre du dossier « Jorge Camacho, chercheur d’or ».
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Épaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
|
||
Dossier : JORGE CAMACHO chercheur d'or n° 23 |